La réaction de Gulf Labor aux commentaires méprisants de Jean Nouvel à propos du traitement des ouvriers sur le chantier du Louvre Abu Dhabi

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Dans une lettre adressée au Louvre, datée du 13 juillet 2015, la Gulf Labor Coalition avait déclaré: « le Louvre Abu Dhabi a la possibilité de jouer un rôle positif dans les conditions de travail sur l’île de Saadiyat.” La Gulf Labor Coalition avait invité le Louvre à travailler de concert à l’amélioration des conditions de travail sur l’île, et “à les changer grâce à une action collective sérieuse.” À ce moment-là, Gulf Labor demandait au musée confirmation de la mort d’un des employés de la compagnie Arabtec sur le chantier du dôme de Jean Nouvel [pour le Louvre]. La confirmation était arrivée quelques jours plus tard, mais l’ouvrier pakistanais de 28 ans était déjà mort un mois plus tôt, le 8 juin 2015.

Les conditions de travail et de vie des ouvriers sur le chantier du Louvre Abu Dhabi sont-elles “une question ancienne”, pour citer un propos récent de Jean Nouvel dans le quotidien anglais the Guardian. L’architecte français continue à mépriser des questions largement répandues et partagées concernant les conditions de travail sur l’île de Saadiyat. « Au début (du chantier) nous avons vu où vivaient les ouvriers, et leurs conditions, pour vérifier que tout était fait correctement … Nous avons vérifié et ça allait. Nous n’avons vu aucun problème. »

Si l’on en croit nos propres recherches et travaux de terrain, et cela a été confirmé par nombre d’autres, ce genre de déclaration, qui reprend simplement comme des faits les éléments de langage émis par les relations publiques des autorités d’Abu Dhabi, n’est pas seulement une falsification des conditions réelles des ouvriers qui ont construit le Louvre et qui continuent de trimer sur l’île de Saadiyat ; elle témoigne aussi de la même espèce de déconnection entre la réalité et l’intérêt personnel que celle qui motive les combats pour que justice soit rendue aux travailleurs dans le cas du chantier de New York University et du Guggenheim.

Alors que le Louvre Abu Dhabi court vers son ouverture officielle, prévue le mois prochain,  il laisse dans son sillage une grève violemment réprimée en 2013, lorsque les revendications des employées d’Arabtec ont été accueillies par des emprisonnements de masse et des avis d’expulsion. Bien que cet événement eût été largement documenté, ce n’était qu’une parmi tant d’autres manifestations de protestation de travailleurs censurées par les media dans les UAE. Nouvel a beau réitérer des platitudes sur l’« universalité et [la] philosophie », derrière sa prétention de construire « pour le peuple, les civilisations, l’humanité. », se cache une volonté claire d’effacer les voix et les réclamations de travailleurs qui continuent d’oser demander des salaires et des conditions de vie décents.

GLC se fait l’écho de celles et ceux qui continuent à défendre les droits de ces travailleurs . Le Louvre Abu Dhabi a une dette à payer: il doit rembourser les frais de recrutement et les salaires qui ont été perdus du fait de la criminalisation, de l’emprisonnement, du licenciement, et de l’expulsion des travailleurs grévistes. Imaginer qu’on peut aisément compartimenter le monde de la haute culture et les conditions dans lesquelles ses institutions sont réalisées, c’est cela la vraie «histoire ancienne ». De telles institutions ne peuvent plus être les repères de l’état de notre avancement culturel.

Par cette déclaration présente, Gulf Labor réitère son boycott des institutions culturelles sur l’île de Saadiyat et la poursuite de ses campagnes de soutien collectives. GLC, en compagnie de la coalition d’ONG et de travailleurs.euses culturel.le.s qui a été rassemblée, reste ouverte au dialogue avec tous les musées sur l’île de Saadiyat, avec [l’agence touristique culturelle] TDIC et avec tous.te.s ceux.celles qui soutiennent les droits des travailleurs dans la région. Nos revendications n’ont pas changé: de voir une amélioration durable dans la situation de milliers de travailleurs sur l’île de Saadiyat, y compris sur la question des salaires, des dettes contractées pendant leur recrutement et leur capacité à se représenter eux- mêmes.

Gulf Labor Coalition

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Gulf Labor Responds to Jean Nouvel’s Dismissive Comments on The Louvre Abu Dhabi’s Treatment of Workers

Thur. Oct 5, 2017

In a  letter to the Louvre dated July 13, 2015, the Gulf Labor Coalition stated: “the Louvre Abu Dhabi has the ability to play a positive role in worker’s conditions on Saadiyat Island.” The Gulf Labor Coalition invited the Louvre to work together on the betterment of working conditions on the island, and “to change them through serious collective action.” At the time, Gulf Labor asked the museum for a confirmation of a death of one of the Arabtec employees working on the Jean Nouvel dome. The confirmation came a few days later, but the 28 year-old Pakistani worker had died a month earlier, on June 8th.
 
Are the conditions of the Louvre Abu Dhabi’s workers simply “an old question,” as Jean Nouvel was recently quoted as saying in the Guardian? The French architect continues to be dismissive of the widespread concerns about working conditions on Saadiyat Island: “At the beginning,” he reports, “we saw the places where the workers live, and their conditions to check that it was correctly done … We checked and it was fine. We saw no problem.”
 
According to our own, and others’, research and field assessments, these kinds of statements, which simply take the PR talking points of Abu Dhabi authorities as facts, are not only a falsification of the real condition of the workers who built the Louvre and continue to toil on Saadiyat Island, but they indicate the same kind of disconnection between reality and self-interest which has marked the struggles for worker justice in the case of NYU and the Guggenheim.
 
As the Louvre Abu Dhabi presses on towards its opening, scheduled for next month, it leaves in its path a harshly repressed labor strike in 2013. when the demands of Arabtec employees were met with mass imprisonment and deportations. While this event was widely reported, it was only one of many such worker protests which are subject to a media blackout in the UAE. Nouvel reiterates platitudes about “universality and philosophy”, but behind his claim to be working for “people, for civilizations, for humanity”, there is a clear will to efface the voices and plights of workers who built his museum and who continue to dare to ask for decent wages and living conditions.
 
GLC echoes those who continue to advocate for these workers. The Louvre Abu Dhabi has a debt to pay: it must refund workers’ recruitment fees and wages lost due to criminalization, imprisonment, termination and deportation of workers who go on strike. Imagining that one can cleanly compartmentalize the world of high culture from the conditions in which its institutions are realized, is the real “old question”. These institutions can no longer be the benchmarks of our cultural advancement.  
 
With this statement, Gulf Labor reiterates that its boycott of cultural institutions on Saadiyat Island remains in place, and our collective advocacy campaign continues. GLC and the coalition we have assembled between engaged cultural workers and NGOs, remain open to dialogue with all of the museums on Saadiyat, TDIC, and all who support workers’ rights in the region. Our demands have not changed: to see a long term improvement in the situation of thousands of laborers on Saadiyat Island– including wages, recruitment debts, good living conditions, and their ability to represent themselves.

Gulf Labor Coalition

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